3 idées pour améliorer le dialogue avec les enseignants

Depuis 2013, l’idée que la participation des parents joue un rôle important dans la réussite scolaire des élèves est ancrée dans la loi sous le terme de coéducation. Or, dans la pratique, le dialogue avec les enseignants et les autres acteurs de l’école restent parfois décevant. Des propositions pour améliorer le dialogue entre les parents et les enseignants existent¹, mais se concentrent surtout ce que l’école pourrait faire. Or ces évolutions nécessitent du temps. Alors, en attendant, que pouvons-nous, parents, commencer dès aujourd’hui?

En ce qui concerne les relations parents-école, la frustration existe de chaque côté. Les acteurs de l’école regrettent que les parents soient soit trop absents, soit trop présents (ou même “consuméristes”), soit incapables d’aider leurs enfants dans leurs difficultés. De l’autre côté de l’échiquier, les parents remettent en cause la légitimité de l’autorité des enseignants, leurs capacités d’enseignement et leur motivation.

enseignant

Crédit photo: Marco Klapper, License

Lorsque mes enfants ont débuté l’école, je dois bien avouer que je n’étais pas libre de tous ces préjugés et que lorsque des situations décevantes pour moi apparaissaient (comme le fait de ne pas avoir le droit d’entrer dans la classe de maternelle de ma fille quatre semaines après la rentrée, ou le fait de ne pouvoir fixer un rendez-vous avec l’enseignante de mon fils que par la biais du cahier de correspondance – rendez-vous qui ne pouvait avoir lieu qu’entre 14h et 16h,…), ces préjugés avaient tendance à remonter à la surface comme des bulles de savon. Alors je râlais contre l’école et les enseignants et j’imaginais tout ce qu’ils pourraient faire pour faciliter le dialogue que j’exigeais et qui me semblait (et me semble toujours!) plus que légitime.

Et puis, je me suis rendue compte de trois choses:

  • L’école obligatoire et républicaine a été bâtie sans les parents (Georges Fotinos en a fait un bon résumé dans son étude de 2013) et cette tradition a besoin de temps pour évoluer. En regardant le verre à moitié plein, on peut même dire qu’il y a déjà eu des améliorations notoires et qu’au moins, la volonté politique semble aller dans le sens de plus de participation des parents.
  • Lorsque le sujet est analysé, les propositions touchent essentiellement ce que l’école et les enseignants pourraient (et devraient) faire. C’est légitime dans la mesure où, effectivement, une part de la responsabilité leur incombe. C’est aussi logique parce que ces propositions visent à faire évoluer un système dont les enseignants et les autres acteurs de l’école sont des parties prenantes à qui l’ont peut donner des consignes et des recommandations. Si les textes juridiques et la pression politique leur demandent de mettre en place certaines actions ou d’adopter certaines attitudes, la pression sur eux est plus forte et les résultats systémiques potentiellement plus importants que si l’on demandait aux parents de se plier à une loi. Cela ne veut pas dire pour autant que la balle n’est que dans leur camp.
  • Majoritairement, mes relations avec les enseignants de mes enfants se passaient plutôt bien, surtout quand je commençais moi-même par y consacrer du temps.

Aujourd’hui, je vous propose donc de partir de ces trois constats, de laisser pour un moment de côté ce que l’école pourrait améliorer et de nous pencher sur ce que nous, parents, pourrions faire pour que le quotidien se passe (encore) mieux. Ainsi, nous apporterions notre pierre au changement de mentalités et d’habitudes de chacun.

1) Construire une relation personnelle avec l’enseignant en dehors des réunions officielles

Si je ne rencontre le ou les enseignant(s) ce mon enfant que lors des (trop rares et trop courtes) réunions parents-profs, quelque soit le message transmis, je serai déçue. Si mon enfant réussit bien à l’école, je n’aurai souvent droit qu’à cinq minutes de discussion (“tout va bien, rien à dire, continuez comme ça”), et dans le cas contraire, mes émotions (colère? peur? honte?) ne trouveront pas leur place dans la discussion avec cette personne que je ne connais pas.

J’ai donc choisi d’essayer de construire une relation plus personnelle avec les enseignants de me enfants (sans pour autant forcément devenir leur meilleure copine!). Voici quelques unes de mes “stratégies²” (en face-à-face ou à distance):

  • Lors des premiers jours de l’année scolaire, montrer à l’enseignant que je me réjouis de travailler avec lui tout au long de l’année.
  • Ne pas hésiter à remercier l’enseignant pour une des ses initiatives, sans attendre la carte de Noël ou le cadeau de fin d’année. Cela peut porter sur des détails comme le choix d’un thème de dessin, l’idée de mettre en place un blog de classe, l’attention d’avoir demandé aux enfants de mettre de la crème solaire, de les avoir emmenés au musée…..
  • Participer aux sorties, fêtes,..quand je le peux et toujours en profiter pour dédier un temps de “papotage” autour d’autre chose que mes propres enfants avec l’enseignant.

2) Apprendre à connaître la classe et les autres parents

Il m’est arrivé parfois d’entendre une information relative à la classe de mes enfants et de me faire une opinion…un peu trop vite. Combien de fois, en discutant avec les autres parents ou les autres enfants n’ai-je pas obtenu des précisions qui sont venues modifier ma perception première?

Il m’est aussi arrivé de vouloir proposer des initiatives mais de me sentir un peu seule…

Connaître les autres parties prenantes de la classe m’aide donc à construire mon opinion, et à choisir mes batailles. Cela contribue aussi au bon climat dans la classe et à ne pas propulser l’enseignant en tant que juge de certains conflits qui peuvent se régler directement entre parents lorsque la relation existe. Quelques trucs:

Un petit café?

crédit photo: Brian Bilek, license

  • Découvrir qui sont les copains de mes enfants et prévoir du temps pour qu’ils puissent jouer ensemble en dehors de l’école. Je vais sans aucun doute croiser les parents et apprendre à les connaître. Pour cela, les photos de classe sont une grande aide pour replacer des prénoms sur des visages.
  • Proposer en début d’année de faire une liste des e-mails ou téléphones pour faciliter le contact (souvent, pour des raisons de respect de la vie privée, les enseignants sont réticents à la faire, on peut les comprendre) et envoyer un message à tous pour se présenter ou juste dire bonjour. Et accepter de n’obtenir que 80% des contacts, il y aura toujours des personnes qui refuseront…ce n’est pas grave.
  • Trouver du temps pour rencontrer les autres parents: arriver 5 minutes en avance à un anniversaire, m’arrêter au supermarché pour discuter, proposer une sortie entre mamans,… même si je ne peux pas emmener ou aller chercher mes enfants à l’école, j’essaie de trouver d’autres occasions.
  • Voter aux élections des représentants de parents.

3) Promouvoir l’image de l’école et de l’enseignant auprès de mes enfants

Bien sûr parfois je ne suis pas d’accord, bien sûr parfois tout tombe au mauvais moment et une grande envie de râler me prend. Mais je ne peux pas à la fois attendre de l’enseignant de mon enfant qu’il m’ouvre un plus grand espace de coéducation ET miner son autorité. Je me dois donc de réserver mes râleries pour des moments où je suis seule et si un problème m’ennuie vraiment de chercher le dialogue avec l’enseignant. Mon enfant ne profite pas – je le crois sincèrement – d’un dénigrement de son enseignant. Ce serait le mettre dans une situation émotionnelle inconfortable: surtout dans les petites classes, les enfants sont attachés à l’enseignant et ont besoin de lui faire confiance pour apprendre…en mettant cela à mal, je ne travaille pas en faveur de mon enfant. Et puis…, ce serait lui donner des arguments qui pourraient me revenir en pleine figure (“mais maman, c’est toi qui as dit que les devoirs choisis étaient stupides…pourquoi tu veux que je les fasse quand même?” ou encore mieux: “Maîtresse, je n’ai pas fait mes devoirs car ma maman a dit qu’ils étaient stupides” 😳 )

Et vous? Comment gérez-vous votre relation avec les enseignants de vos enfants?

 

¹ voir notamment le rapport de Valérie Corre, députée du Loiret (page 117 et suivantes)

² le terme de “stratégie” peut paraître froid et calculateur, je ne conseille bien sûr pas de “jouer” un rôle pour obtenir des avantages…que le naturel et le plaisir du contact humain reste au coeur de tout cela!

 

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