De l’esprit des notes

Le récurrent débat sur le système de notation fait à nouveau rage  depuis quelques semaines: faut-il remplacer la notation sur 20 par une échelle sur 6 comme en Allemagne? ou par des lettres comme aux États-Unis? ou des couleurs? Ou même supprimer purement et simplement les notes?

notesLes voix en faveur d’une telle mesure dressent un tableau plus que sombre de l’influence que les notes auraient sur nos enfants.

  • Les notes, bonnes ou mauvaises d’ailleurs, sont vécues comme des récompenses ou des punitions. Dans un cas comme dans l’autre, les notes enferment et figent les élèves dans des cases (“toi tu es bon en maths”, “toi, tu es nul en orthographe”), alors même que le but de l’apprentissage est de les faire changer et évoluer!
  • Les notes octroyées par les professeurs sont biaisées par de nombreux facteurs. La relation avec l’élève, ses performances dans d’autres matières et la classe dans laquelle il se trouve influencent les notes que les élèves reçoivent (je vous reparlerai bientôt de l’effet Pygmalion et d’autres facteurs comme l’effet halo ou encore l’effet de contexte), et ne sont donc pas en définitive le miroir de leur niveau.
  • L’importance donnée aux notes par les professeurs, les parents et l’entourage en général est facteur de stress. Ce stress amoindrit les capacités d’apprentissage des enfants et le pousse à se focaliser sur des stratégies visant à obtenir une bonne note (ou parfois même, juste la moyenne), plutôt qu’à véritablement apprendre (ex.: bourrage de crâne la veille d’une interrogation)
  • Les notes engendrent souvent un esprit de compétition entre les élèves. Des effets néfastes peuvent alors voir le jour, comme la triche ou alors le refus ouvert de cette compétition (il est souvent plus cool d’avoir de mauvaises notes que de travailler pour avoir de meilleures notes, notamment pour les garçons,).

Pas très folichon…il faut bien l’avouer…Alors faut -il espérer la disparition pure et simple des notes? Ou ne risque-t-on pas de jeter le bébé avec l’eau du bain?

Dans un monde idéal, les notes que les élèves reçoivent seraient des outils pour les aider à s’orienter et à progresser dans leurs apprentissages, et non des couperets humiliants. Dans un monde idéal, les notes seraient la base d’une discussion sur les prochaines actions à engager pour mieux maîtriser les compétences, et non pas une finalité jugeant du passé.

La question de l’échelle des notes, de leurs couleurs, apparaît alors comme d’importance secondaire. Ce qui est nécessaire, c’est un changement des mentalités de chacun d’entre nous, des parents, des professeurs,  et même des élèves qui sont bien à la fois victimes acteurs et du système. Il faut passer de la note couperet (les pédagogues parlent de notes sommatives) à la note outil de réflexion, de discussion et d’actions tourné vers le futur (on parle alors de note formative).

Un tel changement de paradigme ne tombera pas du ciel parce qu’un ministre aura fait passer quelques circulaires. Une amélioration ne passera que par une formation nouvelle des professeurs et une sensibilisation des parents et des élèves.

Vous le voyez, le sujet me tient à coeur. Je vous en reparlerai donc dans de futurs bulletins, et je me réjouis d’avoir vos réactions!

 

 

 

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