L’école numérique en 5 questions

Hier, mon fils de 8 ans m’a dit: ” Maman, quand je serai en CM2, j’aurai besoin d’un iPad pour l’école. C’est o-bli-ga-toire!

Ma réaction première, je l’avoue, ne fut pas complètement positive:

“Mais pourquoi diable ont-ils besoin d’un tel appareil? Des stylos, des feuilles de papier, ça marche aussi! Et puis déjà que si je le laissais faire, il jouerait toute la journée sur notre iPad, alors si en plus il doit faire ses devoirs dessus, comment je vais l’inciter à faire autre chose que de regarder des écrans?!?”

Passé ce premier moment, je me suis dit qu’il serait nécessaire de creuser un peu le sujet avant d’adopter une position aussi drastique. Sans prétendre faire un tableau exhaustif du sujet, je vous propose de voir ensemble quelles sont les principales interrogations qui tournent autour de cette fameuse “école numérique”.

 

1. Qu’est-ce qu’une école numérique?

Les tablettes tactiles ne sont pas les seuls outils auxquels il est fait référence lorsqu’on parle de numérique à l’école. Ce terme regroupe:

  • des objets matériels tels que des ordinateurs (portables ou non), des écrans interactifs (appelés aussi Smartboard), les smartphones, et nos fameuses tablettes,
  • des logiciels et/ou applications qui permettent divers usages de ce matériel,
  • des ressources utilisables dans un environnement numérique (vidéos, manuels scolaires,….)
  • de l’infrastructure de réseau (accès à internet, réseau sans-fil, systèmes de stockage des donnés, protection et sécurité du réseau et des utilisateurs)

Il ne suffit donc pas de fournir à quelques élèves un iPad et de l’utiliser pour regarder une simple vidéo pour transformer une classe en classe numérique. Les écoles et/ou les professeurs qui se lancent dans l’aventure, doivent mettre en place une véritable infrastructure et un plan d’action complet pour pouvoir tirer le meilleur parti de ces outils.

 

2. Quelles sont les activités que les élèves peuvent réaliser avec ces outils?

Les possibilités sont infinies et touchent toutes les étapes que doivent suivre les élèves pour réaliser une tâche:

  • Rechercher l’information: Internet, Google, YouTube, Wikipédia et autres sont des source de prédilection et que l’on ne présente plus pour accéder à une multitude de données.
  • Stocker et échanger l’information: lors de travaux en groupe ou avec le professeur, des logiciels tels que Dropbox ou Evernote permettent de sauvegarder des documents de référence et de permettre au groupe entier d’y accéder.
  • S’approprier l’information: annoter des documents, modifier des photos,…ne sont plus que des jeux d’enfants.
  • Débattre de l’information: plus besoin de lever la main et d’attendre que le professeur vous interroge, les arguments sont envoyés directement par Twitter ou sur Facebook, les élèves interrogent des experts par visioconférence, ou discutent avec leurs correspondants anglais via Skype.
  • Produire de l’information: faire un exposé avec des vidéos, une présentation Power Point, et même coder ne sont plus des activités réservées aux professionnels. Cette production peut se faire seul, mais aussi de plus en plus facilement à plusieurs (ex.: GoolgeDoc).
    Publier de l’information: de nombreuses classes ont leur propre blog ou leur propre fil Twitter ou encore leur Wiki.

3. Apprend-on vraiment mieux avec le numérique?

Voilà LA question! Pour le moment, il n’y a pas encore de consensus clair. Des études sont publiées, des recommandations sont adressées, des plans sont déployés, mais il n’y a pas encore de preuve “scientifique”. Pour le moment, tout ce que l’on peut dire, c’est que les outils numériques ont le potentiel de favoriser un environnement propice à l’acquisition des savoirs:

  • Indépendance et responsabilisation des élèves: les travaux en groupe sont facilités, les élèves doivent faire face à de multiples problèmes pour arriver au produit fini. Ils ont l’impression d’avoir plus de liberté et plus de contrôle sur ce qu’ils font.
  • Motivation: les outils sont plus “vivants” et plus proches de ce que les élèves expérimentent en dehors de l’école, les projets laissent l’opportunité à chacun de briller dans des tâches différentes, ce qui redistribue les cartes entre “bons” et “mauvais” élèves et relance la dynamique de groupe.
  • Temps consacré à l’apprentissage: les élèves peuvent avoir accès aux informations et au projet facilement depuis chez eux (effet nomade).
  • Communication avec les parents: la publication d’informations relatives à la vie en classe (journal d’une sortie scolaire, tweets,…) augmente la confiance des parents dans le travail du professeur.

Cependant, il serait illusoire de croire que la mise en place à elle seule des outils numériques suffit à créer ces conditions favorables à l’apprentissage. Le choix à bon escient des outils et de la façon de les utiliser remet la pédagogie au coeur du processus.

 

4. Quelles conditions les professeurs doivent-ils mettre en place pour tirer le meilleur parti du numérique?

Les professeurs qui aujourd’hui décident de donner une place importante au numérique témoignent de la façon dont leur rôle change. Ils ne sont plus là pour dispenser un cours frontal à des élèves bien alignés par rang de deux et prenant studieusement des notes. Ils deviennent des animateurs, des accompagnateurs. Ils ne suivent plus le déroulé de sa séance pas à pas, mais réagissent au pied levé à de nouvelles situations et leur donnent du sens, sans pour autant perdre de vue les objectifs de l’exercice proposé. Pour cela, ils acceptent de se mettre en danger, de ne plus être les détenteurs uniques du savoir. Ils restent cependant ceux qui institutionnalisent ce savoir et qui veillent à sa compréhension.

Pour que les professeurs de nos enfants soient en mesure de tirer parti du numérique, ils ont donc besoin de soutien et de formation. Cette formation doit porter à la fois sur l’utilisation des outils et sur la façon de les intégrer judicieusement dans les cours.

 

5. Comment moi parent puis-je accompagner mon enfant dans l’utilisation de ces outils?

Tout cela est bien joli, mais voir nos enfants utiliser le numérique en classe ne coule pas de source pour nous, parents: nous n’avons pas connu ces outils à l’école, nous avons parfois nous-mêmes du mal à les utiliser et enfin nous ne voulons pas que nos propres enfants soient les cobayes d’une révolution qui ne fait, somme toute, que débuter. Et en même temps, ce serait dommage de passer à côté de si beaux outils!

La bonne nouvelle, c’est que, en gros, notre rôle, change assez peu. Il consiste toujours à mettre en place des structures pour s’assurer que les savoirs sont bien acquis. Les principales tâches sont donc bien celles que nous effectuons déjà, comme l’aide aux devoirs, l’organisation des pauses et des activités en dehors de l’école pour maintenir un certain équilibre,…

A cela s’ajoute pourtant deux éléments nouveaux:

  • fournir un environnement technologique sécurisé à la maison et sensibiliser nos têtes blondes aux dangers d’internet
  • essayer de se maintenir soi-même au niveau avec ces outils pour pouvoir accompagner nos enfants. Pas forcément facile (et pas forcément drôle pour certains!), mais en y réfléchissant bien, cela peut aussi être un exercice ludique: les enfants vont devenir vos professeurs et vous les élèves, si au sein de votre couple une personne a plus d’affinités avec ces technologies, elle pourrait prendre une part plus importante aux devoirs, et cela pourrait même vous être utile pour votre travail!

Voilà donc un sujet complexe, mais passionnant! Je vous en reparlerai sans doute plusieurs fois dans ce blog et je me réjouis de partager vos expériences et vos questions sur le sujet! Je remercie aussi Mehdi Lazar, (twitter: @jafardeparis), Docteur en géographie, professeur et inspecteur de l’Education Nationale, Directeur d’une école bilingue à Los Angeles et auteur qui a bien voulu passer du temps avec moi pour discuter du sujet.

 

Bonne lecture et à bientôt!

Isabelle

 

 

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