Les contes de fées sont-ils néfastes à l’apprentissage?

Vous avez été nombreux à vous sentir interpelés par l’ouvrage “Changer d’état d’esprit” que je vous ai présenté ici il y a quelques jours. Or, dans ce livre, Carol Dweck utilise la fable “Le Lièvre et la Tortue” comme un exemple typique de la façon dont nous pouvons insuffler un état d’esprit fixe à nos enfants sans vraiment nous en apercevoir. Certains contes de fées ou histoires pour enfants auraient-ils donc des effets secondaires indésirables?

Le Lièvre et la Tortue

 

Le message que cette fable tente de nous faire comprendre est que l’effort, et la constance dans l’effort, sont nécessaires à chacun pour atteindre son but. Nous serions donc exactement dans la théorie de l’état d’esprit de développement: le succès ne dépend pas de compétences innées mais de notre capacité à nous donner les moyens d’apprendre et de progresser.

Oui, mais. Mais si nous sommes honnêtes, peu d’entre nous s’identifient vraiment avec la tortue. Nous préférerions être le lièvre, rapide comme le vent et charismatique! Bien sûr, à sa place nous aurions fait preuve d’un peu plus de stratégie, mais ce que nous lui reprochons, c’est plus son orgueil qui le rend aveugle, que sa flemmardise. Nous restons persuadés que les talents innés du lièvre restent supérieurs et plus enviables que la constance de la tortue. Et nous nous retrouvons alors bien en plein crise d’état d’esprit fixe.

A la lecture de cet exemple, un autre conte de fées m’est revenu à l’esprit: “La Belle aux Bois Dormants“. Ah! Ces fées qui se penchent sur le berceau d’un nouveau-né et qui lui donnent la Beauté, la Grâce, et “toutes les perfections imaginables” (Charles Perrault). A 16 ans, Aurore possède une voix si charmante qu’elle attire les oiseaux dans la forêt et séduit le beau prince Philippe. Elle n’a pourtant jamais pris un seul cours de chant, et elle n’a aucun besoin de développer ce don par ses efforts. Et revoilà notre vieil ami l’état d’esprit fixe qui revient au grand galop!

Faut-il alors vraiment en conclure que nous de devrions plus raconter certains contes ou histoires à nos enfants? Bruno Bettelheim et sa fameuse “Psychanalyse des contes de fées” (1976) doit se retourner dans sa tombe!

Non, même si je trouve l’argument de Carol Dweck intéressant, je ne crois pas qu’il faille renoncer aux contes. Ils jouent un rôle essentiel dans la construction et l’éveil des enfants et  y renoncer serait jeter le bébé avec l’eau du bain. Je ne veux pas m’étendre ici sur les bienfaits des contes, mais, pour ceux que cela intéressent, je vous invite à lire la réponse succinte mais complète de l’association Apple-Paille.

Par contre, le point de vue de Carol Dweck sur “Le Lièvre et la Tortue” ouvre pour moi l’opportunité de rester attentive aux endroits où peut se faufiler l’état d’esprit fixe. Comme il peut apparaître partout, il me semble vain et même contre-productif de vouloir cacher son existence à nos enfants. Les chances qu’ils le rencontrent au détour d’un conte ou d’une remarque d’une tierce personne sont bien trop élevées. Mieux vaut alors les sensibiliser et les aider à reconnaître cet esprit d’état fixe pour mieux s’en libérer.

Et vous? Avez-vous des exemples de contes ou d’histoires dans lesquels l’état d’esprit fixe s’est invité?

A bientôt!

 

Laissez un commentaire !